Introduction: planter le décor et parler de tout sauf du match
Le dimanche 13 Décembre était froid et humide.
L'équipe CPB6, pour mieux saisir l'importance des changements climatiques et parfaire sa résistance au froid, avait décidé de se rassembler devant la porte close du gymnase et d'y rester, immobile, durant de longues minutes (pour la circonstance, les minutes dépassaient les 60 secondes en sorte qu'elles purent être tenues pour de "longues minutes"; s'il n'en avait pas été ainsi, elles auraient considérées comme des minutes "normales", "moyennes", "banales" en quelque sorte, et l'effort du CPB n'aurait alors pas pu être apprécié comme un effort significatif, appelant au respect).
La patience était la vertu première de ceux qui, ponctuels, s'assemblèrent ainsi, dans la bise et le frimât. Il s'agit donc de toute l'équipe hors PM et Fred [que la cagnotte tinte aux oreilles du premier; le second est absous car il apportait les maillots].
L'équipe comprenait, par ordre de taille: Fred, Rémi, Jeannot, Nico, Philippe, Herrib, PM, Lulu, Joachim, Alex, David, Sam. Ce classement est parfaitement subjectif et vise uniquement à reléguer Sam en dernière position. La seule certitude porte sur Fred, personne ne le contestera.
L'équipe adverse n'alignait que 8 joueurs.
Prologue:
[on passe au présent pour que le récit soit plus vivant] L'échauffement est mené à un train d'enfer par un Jeannovic dont la condition indiscutable de hussard de la République se manifeste par une naturelle autorité et un sens certain du devoir, de l'effort, de la souffrance. Chacun suit, d'aucun suit de loin et papote.
L'échauffement du gardien (le seul, l'unique) révèle la capacité de l'équipe à imaginer les trajectoires balistiques les plus variées pour ne pas remplir l'objectif assigné et illustre la méconnaissance crasse de l'anatomie des gardiens de but, ces bipèdes dont les pieds sont généralement situés sous les mains et dont les hanches sont, à peu de choses près, à équidistance entre les métatarses et les métacarpes, quand ces deux dernières se positionnent normalement (faute de Docteur Tangi, la situation normale des métatarses et métacarpes se prête à conjecture).
Le premier développement: 10 mn poussives
L'ouverture du jeu est longue: l'équipe n'est manifestement pas en place. La défense s'avère perméable, l'attaque poussive, les replis incertains. HBD mène, mais sans jamais prendre le large.
Le deuxième développement: reprise
"Deuxième" et non "second" car une subtilité de la langue française distingue les deux termes, le premier étant à réserver à une énumération (ainsi le lecteur sait qu'il se présentera d'autres développements).
Le CPB se reprend, se ressaisit, rehausse son jeu. Sam dispose d'un plan aisé face à une défense haute: activer les deux tours dont il dispose, Jeannovic et Philippe en créant du mouvement pour mobiliser le défenseur en position de demi. Il croise et anime; pour amuser les petits et les grands, venus en masse assister au spectacle, il réussit même une passe étonnante dans les mains de l'adversaire [circonstance qui lui vaudra la freezberg].
Progressivement, le CPB refait son retard puis passe en tête, dans jeu qui reste peu engagé. En atteste d'ailleurs le score: 8 à 9 à la mi temps, soit une moyenne proche de un but toutes les deux minutes.
Jeannovic en profite pour rater un jet de 7 mètres (afin d'éviter que le score ne progresse trop vite).
HBD n'a pas réellement de tireur et joue en latéral, en adepte du déplacement du crabe; il ne trouve pas grande occasion de tir et multiplie les tentatives incertaines sur les ailles.
La fin de mi-temps voit poindre quelques schémas organisés, sur une base d'attaque à deux pivots qui ménage quelques intervalles pour les deux arrières latéraux.
Le troisième développement: la grande vitesse
La seconde mi-temps (seconde et non deuxième; on pourrait toutefois, considérant les agapes d'après-match, parler d'une deuxième mi-temps en sorte que la troisième mi-temps aurait tout son sens; mais cette logique n'est pas reprise dans les manuels de la FFHB ) s'engage sur un rythme en rupture.
Sam pousse le schéma tenté en fin première mi-temps, Philippe grommelle mais manifeste sa profonde passion pour l'artillerie en décochant quelques shoots puissants et dirigés dans les cages (les deux critères sont réunis).
Jeannovic utilise son savoir faire habituel, soit le fameux shwenker
(inventé par Hinrich Schwenker , à l'époque où le handball se jouait à 11 sur herbe: suspension, feinte de tir et dribble avant de toucher terre). Remercions wikipedia pour cette précision qui, en creux, laisse quand même penser que Jeannovic a atteint un certain âge.
Chacun pousse: David réussit une magnifique interception et s'égare en touche; il décide ensuite de tenter un tir avec 3° d'angle et le réussit, le gardien adverse ayant éprouvé un grand sentiment de pitié. Herrib réussit deux buts coup sur coup (pour ensuite, porté par l'élan, réussir deux "marchés"). LuLu fait du LuLu et passe deux jets de 7 mètres. Rémi s'envole à 8 mètres, déploie son envergure étonnante, lève la tête pour présenter son plus beau profil à la presse accourue et marque son unique but. Alex, appliqué, droitier à droite par punition (ou sacrifice, ou tentative de rédemption: il n'a rien dit), marque.
Et Nico, central, héro de Bruz comme chacun le sait (sa gloire résonne encore dans les couloirs de Géniaux depuis ce match historique disputé depuis déjà 2 années), statue du Commandeur, droit et sombre, joue (l'histoire n'a rien retenu de particulier pour ce match). PM marque, en autre héro du CPB. Fred tente. Bref, toute la caravane est en marche.
L'écart se creuse. Joachim assure une magnifique relance sur David qui, d'émotion, machine le machin. Mais le geste est héroïque et galvanise les foules.
Le dernier développement: terminer et se replier dans ses pénates
Le match est largement gagné à 10 minutes de la fin (5 buts d'écart). Il est donc possible de se relâcher un peu. Philippe, Alex en profitent pour séjourner en prison. Sam les y avait précédé (tout en restant discret sur les circonstances).
Herrib tente une fugue toute personnelle pour marquer plus que David (ce qui, en soit, aurait été normal mais il n'est pas de justice sur les terrains de hand). Sam reste à 0 but, comme Fred ou PM. Il faudra prévoir un plan de relance et de partage, pour les prochains matchs.
Après quelques ablutions rapides, nos héros se quittent, joyeux , satisfaits d'avoir assuré une victoire sans éclat mais opportune.
Récapitulatif des délinquants et buteurs:
Le tableau final:
- 2 mn pour Sam, Thomas et Philippe
- buts: Rémi (1), PM (2), Alex (2), David (2 dont 1 par bonté du gardien), Herrib (2), Lulu (4 dont 2 jets de sept mètres), Jeannovic et Philippe (8 au total dont 1 sur jet de sept mètres de Jeannovic)
Attribution de la freezberg: Sam pour une magnifique passe en aveugle destinée à un adversaire, Joachim pour une relance à 10 mètres destinée elle-aussi à un adversaire, David (sans motif particulier, simplement parce que c'est David).